third
Novembre 2022

Numéro huit

Retrouvez le numéro huit de
Third : Le numérique et notre vie privée

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Third | Novembre 2022

Betteroff, une contribution pour la création d’une hygiène numérique favorable à la vie privée

Arthur Millerand, fondateur de Betteroff (betteroff.tech), la solution pour adopter un meilleur rapport à la technologie.

 

Les écrans sont partout. Nos personnes, yeux et cerveaux sont assaillis par des sollicitations incessantes. Par tout moyen, notre attention est captée par les outils numériques qui engloutissent un maximum de temps pour diffuser leurs contenus ou vendre leurs biens et services. Notre vie connectée n’est possible que depuis l’accès (quasi) universel à internet mais, surtout, grâce au téléphone portable intelligent (smartphone). Cet instrument, connecté en permanence à internet, permet une ouverture sur le monde sans précédent, pour le meilleur et pour le pire.

Rejeter les nouvelles technologies ou refuser les innovations pour lutter contre des effets négatifs ou pour critiquer un modèle de société ne nous semble pas être la bonne voie. D’une part, parce qu’il est vain de penser pouvoir contrer un mouvement si puissant et, d’autre part, parce que les personnes conscientes de ces problématiques désinvestiraient alors le champ du combat en se plaçant en marge de la société. C’est pourquoi, la modernité actuelle, structurée par et pour l’économie numérique, doit adopter de nouveaux comportements et des réflexes destinés à mieux vivre avec la technologie.

Betteroff est une contribution pour la création d’une hygiène numérique, laquelle nous semble capitale pour jouir des technologies tout en contenant ses excès et en préservant des espaces de vie privée.

 
« Qu’est-ce que j’éprouverais si je le pouvais, si j’étais libre, si je n’étais pas asservi par mon conditionnement ? »1 soulève Bernard Marx, un des héros du roman Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley. À travers cette question, Bernard Marx interroge les fondements de l’État Mondial en faisant allusion à ce que serait sa vie s’il parvenait à s’extraire du rôle et des caractéristiques résultant de son appartenance à la caste supérieure et dominante des « Alpha ». Avec la forme interrogative, on perçoit qu’il s’autorise à peine à y penser et qu’il se méfie de lui-même en formulant cette réflexion. Cette approche semble pourtant être le début d’une autonomie et la manifestation d’un esprit critique sur les déterminismes qui conditionnent la société dans laquelle il vit.

Toutes proportions gardées et en arrêtant aussitôt la comparaison, nous vivons, depuis le début des années 2010, une mutation technologique d’envergure : l’hyperconnexion. Ce phénomène s’explique par une diffusion massive de l’accès à internet et au déploiement de réseaux avec des débits toujours plus importants. Cependant, le réseau n’est rien sans les outils permettant à toute la population d’y accéder. Entre 2000 et 2010, au fur et à mesure de l’expansion d’internet, ce sont les ordinateurs qui ont joué le rôle de « porte d’entrée » (gateway en anglais) vers le monde numérique. Depuis lors, c’est le téléphone portable intelligent (smartphone en anglais) qui a pris le pouvoir en s’imposant comme le principal moyen d’accéder à internet en France, mais aussi dans le monde.
 

Le smartphone, clé de voûte de la vie connectée et de l’économie numérique

 
Selon les études réalisées en 20212 et 20223 par l’Autorité de Régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (ARCEP) et le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), 92% de la population française utilise internet et, parmi ces utilisateurs, 80% en font un usage quotidien. Parmi les moyens pour se connecter, on observe que l’outil principal est le smartphone (51%), devant l’ordinateur (31%) et la tablette (8%). Ce chiffre est capital car, en 2021, on estime à 79% la part de la population française disposant d’un smartphone. Ce taux de pénétration dispose d’une dynamique inouïe puisqu’il était de 72% en 2018 et seulement de 17% en 2010. Le smartphone est indéniablement devenu l’objet connecté de référence et l’instrument de base pour nos existences connectées.

L’utilisation quasi-unanime des portables intelligents vont de pair avec le succès des entreprises numériques fournissant des contenus, biens et services en ligne. Contrairement aux supports imprimés (ex : les livres) qui demandent un effort pour être appréciés (ex : un effort d’imagination pour produire les images d’un récit), les contenus audiovisuels (ex : les vidéos) se consomment simplement car le spectateur se laisse guider par le son, les images et effets qui lui sont imposés. Parmi les singularités des médias numériques, le Conseil national du numérique (CNNum)4 retient : (i) l’immersion (les smartphones rendent le numérique constamment présent), (ii) l’immédiateté (la plupart des applications suppriment les temps mort ou de réflexion pour donner des informations en continu), (iii) le ciblage (avec les traitements de données, des suggestions toujours plus personnelles sont faites) et (iv) le modèle économique (les comportements des utilisateurs alimentent l’activité des sociétés grâce aux données qu’ils produisent). Toutes ces particularités justifient que les entreprises éditant ces solutions numériques recherchent des moyens toujours plus astucieux et efficaces pour capter notre attention ou pour obtenir un engagement des utilisateurs.

Pour atteindre ces objectifs, les sciences cognitives, la psychologie et l’utilisation à grande échelle des données sont mobilisées pour créer des expériences utilisateurs toujours plus fluides et addictives. L’objectif assumé de ces entreprises (ex : les réseaux sociaux) est de nous garder devant les écrans le plus longtemps possible pour nous exposer à des publicités, pour nous faire consommer des contenus et pour nous vendre des biens et services. Là aussi, l’analyse du CNNum5 est intéressante car elle identifie 3 leviers clés utilisés par les entreprises numériques pour atteindre cet objectif : (i) le besoin de popularité et de reconnaissance (ex : les « likes » ou commentaires), (ii) l’hypersollicitation avec des effets visuels et/ou sonores (ex : les notifications) et (iii) la recherche infinie de récompenses (ex : le fil d’actualité qui se déroule en permanence). Ne nous y trompons pas, ces mécanismes conduisent les utilisateurs à faire une utilisation toujours plus longue, récurrente et spontanée des smartphones . Ce n’est donc pas un hasard que ces sociétés aient connu une croissance en même temps que le taux de pénétration des smartphones (voir supra).

Instrument incontournable et primordial de nos existences modernes connectées, le smartphone s’est imposé sans que l’on intègre réellement la place qu’il a prise. En effet, on ne questionne plus sa présence, son utilité, sa nuisance ou les données qu’il extrait de nous. On a l’impression qu’il nous simplifie la vie et qu’il nous fait gagner tellement de temps, que nous avons cessé de porter un regard critique sur cet objet.

Gagnons-nous vraiment du temps ? Oui, sans doute, mais qu’en faisons-nous ? Quel est le bénéfice de l’utilisation permanente du portable ? Dispose-t-on encore de plages de respiration ?

Les smartphones sont porteurs d’au moins autant d’effets négatifs que positifs. Les rejeter complètement n’est pas une solution. Faire comme si de rien n’était est un danger pour nos sociétés. Il faut donc trouver des moyens, sans se placer en marge ou quitter le combat pour un numérique plus sain, de jouir du numérique tout en contenant ses excès.
 

Construire une hygiène numérique

 
Notre conviction profonde est qu’il est vain de vouloir lutter contre les innovations technologiques aussi structurantes et performantes que les smartphones ou qu’internet.

Est-ce à dire qu’on ne peut rien faire pour les canaliser ? Non.

Nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère technologique qui nécessite, comme toutes les mutations d’envergure, des adaptations dans nos structures collectives, mentalités et comportements. Prenons l’exemple du lavage de mains, qui a émergé dans les années 1840-1850 avec les constatations empiriques du médecin hongrois Ignace Philippe Semmelweis à la faveur desquelles il s’est rendu compte que ce geste réduisait significativement les infections. Ses découvertes et recommandations n’ont pas été suivies par le corps médical de l’époque car il était convaincu par d’autres théories plus en vogue. Ce n’est qu’avec les études conduites dans les années 1870 par Louis Pasteur sur les microbes que le lavage de mains s’est imposé dans les lieux médicaux, jusqu’à se généraliser comme une pratique d’hygiène quotidienne.

Nous sommes convaincus d’être à un point de bascule similaire avec la technologie. Une hygiène numérique est nécessaire pour que la transition numérique conserve ses promesses et modère ses excès. Cette préoccupation se retrouve sous plusieurs formes, que ce soit avec des outils juridiques (ex : les règles européennes sur la protection de la vie privée ou le droit à la déconnexion), les campagnes institutionnelles de sensibilisation (ex : la lutte contre l’exposition des enfants aux écrans), des outils technologiques (ex : la fonctionnalité « temps d’écran » sur iOS qui permet de brider l’utilisation de certaines applications) ou encore des initiatives associatives militantes (ex : le défi « 10 jours sans écrans » pour redécouvrir la vie sans numérique). Toutes ces démarches visent à distinguer le numérique qui aide du numérique qui asservit. Mais encore faut-il connaître ses droits. Encore faut-il comprendre les logiques manipulatrices des smartphones et le marché commercial des données. Encore faut-il avoir envie de se saisir de la question et de faire des efforts pour parvenir à domestiquer ses usages numériques.

Et si le principal obstacle pour réduire l’hyperconnexion venait du fait que le numérique n’a pas d’existence physique évidente et que tout se passe de manière immatérielle sans que personne ne se rende compte de la portée de ses actes ? Il est toujours dans notre main, dans notre poche, dans notre sac, posé sur la table ou introuvable.
 

Remettre le smartphone à sa place

 
La problématique de la place physique du smartphone nous semble être une problématique centrale dont le design, entendu comme la discipline consistant à créer des objets, avec une dimension esthétique, pour répondre à une fonction, doit pouvoir se saisir.

En regardant l’histoire récente, le design est déjà parvenu à intégrer dans nos vies un objet proche : la télévision. Puisqu’elle avait besoin d’être regardée, qu’elle était un produit de luxe et qu’elle constituait une ouverture sur le monde, les télévisions étaient placées au centre des habitations. Il y avait une double recherche d’esthétisme et de fonctionnalité, comme l’illustre la Téléavia vendue dans les années 1950 qui avait la forme d’un oiseau et qui était positionnée sur des roulettes. L’apparition du magnétoscope a ensuite justifié la création d’un vrai meuble (ex : un buffet avec des portes) pour continuer de s’adapter aux usages. Au fur et à mesure de l’évolution de l’objet et des attentes de la population, des « meubles télé » ont été inventés.

Trouver une place au smartphone (c’est-à-dire un lieu physique où le ranger) semble nécessaire et a également pour avantage de le « remettre à sa place » en circonscrivant sa zone de présence, donc d’influence. L’objectif est de reprendre le contrôle sur cet objet pour limiter les addictions, recréer du lien humain au sein du foyer, redécouvrir le repos des yeux et de l’esprit, récupérer du temps libre et, peut-être, s’ennuyer. Nous avons la ferme conviction que domestiquer le smartphone est possible et désirable, sans pour autant avoir besoin de le bannir ou de l’interdire.

C’est pour répondre à ce besoin que nous avons lancé la marque Betteroff.

Betteroff est une invitation à adopter une meilleure hygiène numérique. Sans obligation ou contrainte, cette invitation peut se refuser ou s’accepter. Nous convions et encourageons les utilisateurs de smartphone, individuellement ou collectivement, à passer d’une hyperconnexion subie à une connexion choisie, régulée et équilibrée. Au travers de notre site web6, de notre newsletter7 et de nos réseaux sociaux8, Betteroff partage un univers porteur à la fois d’une vision et d’une solution. Le développement de notre premier produit, la Box {1}, incarne notre objectif ambitieux de concrétiser et de démocratiser le passage vers une nouvelle routine numérique.

La Box {1} est une boîte permettant de ranger son smartphone : minimaliste et simple d’apparence, elle permet de réduire l’hyperconnexion à sa façon, en fixant ses propres règles. C’est également un objet conçu pour votre smartphone, afin de lui donner une place physique, de le mettre à distance, sans l’interdire, et de se rendre compte qu’il est possible (et souhaitable) de s’en séparer.

Pouvant accueillir 5 smartphones à la fois, la Box {1} est pensée pour une utilisation collective, pour des moments de convivialité, sans interférences. C’est un outil qui permet de passer de l’excès de connexion à la normalité, de rompre avec le recours compulsif au smartphone. Équipée de 4 trous, la Box {1} permet de recharger les smartphones tant qu’ils sont rangés, de sorte à pouvoir les utiliser le moment venu.

En plus de la Box {1}, la marque Betteroff est également porteuse d’un message : vous inviter à redéfinir les fondamentaux de la société numérique, en redonnant du sens à des termes comme « connexion », « partage » ou « interaction ».

Tout en profitant de nos smartphones, les instants de déconnexion doivent exister, il faut savoir se reconnecter à la « vraie vie » et redéfinir ses priorités. Avec Betteroff, nous vous proposons de trouver et d’adopter votre nouvelle routine numérique.



1 | Aldous Huxley, Le meilleur des mondes, éd. Pocket, 1977, p. 111. (Retour au texte 1)
2 | Le pôle numérique (ARCEP et CSA), Référentiel des usages numériques, 4 février 2021. (Retour au texte 2)
3 | Le pôle numérique (ARCEP, ARCOM et CSA), Référentiel des usages numériques, mars 2022. (Retour au texte 3)
4 | Conseil national du numérique (CNNum), Votre attention s’il vous plaît ! Quels leviers face à l’économie de l’attention ?, janvier 2022. (Retour au texte 4)
5 | Conseil national du numérique (CNNum), Votre attention s’il vous plaît ! Quels leviers face à l’économie de l’attention ?, janvier 2022. (Retour au texte 5)
6 | https://betteroff.tech/. (Retour au texte 6)
7 | https://betteroff.tech/#contact. (Retour au texte 7)
8 | https://www.instagram.com/betteroff.tech/. (Retour au texte 8)

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