Numéro trois
Retrouvez le numéro trois de Third : Vivre avec les objets connectés
Retrouvez le numéro trois de Third : Vivre avec les objets connectés
Le terme d’objet connecté contient une référence directe à la connexion de la chose avec l’extérieur et place la question des réseaux au cœur de cette dimension de la révolution numérique. Les objets vont désormais communiquer avec d’autres objets, des humains ou des serveurs, de sorte que les technologies de connectivité sont capitales à analyser puisqu’elles constituent l’interface entre l’objet et le monde extérieur.
Certaines sont bien connues et existent depuis longtemps. Parmi les principales, le WiFi (fondée sur internet) permet d’envoyer beaucoup de données mais il est gourmand en énergie et de courte portée, les réseaux 2G/3G/4G (fondés sur les réseaux télécoms) permettent de communiquer en haut débit et en longue portée et le Bluetooth (fondé sur un réseau local) consomme très peu d’énergie mais se limite aux émissions à très faible distance.
Ces technologies que l’on pourrait qualifier d’« historiques » fondent l’essentiel des réseaux modernes de communication et d’information. Ils sont au cœur de l’internet, du commerce électronique et de la digitalisation de l’économie. Cependant, les objets connectés et leur généralisation dans les usages ont mis en lumière de nouveaux besoins de connectivité. En effet, l’intelligence des objets et leur multiplication impose d’avoir des réseaux qui consomment moins d’énergie, qui ont une portée adaptée à ces nouveaux usages et un coût réduit compatible avec des volumétries d’objets très importantes.
C’est la raison pour laquelle, d’autres réseaux, moins connus du grand public, dénommés « Low Power Wide Area Network » (LPWAN), sont en cours de déploiement pour adresser les besoins spécifiques de l’IoT. On peut citer les plus connus que sont le réseau Sigfox et le réseau LoRaWAN (Long Range Wide Area Network) fondé sur la technologie LoRa® inventée en France puis rachetée par la société Semtech aux USA.
Cette technologie permet de connecter des objets qui sont très éloignés des antennes, avec une très faible consommation énergétique. Grâce à ce réseau, il est désormais possible de connecter des objets pendant des années avec une simple batterie. Par exemple, un compteur d’eau ou de gaz connecté au réseau LoRaWAN peut transmettre des informations quotidiennement pendant près de 10 ans et en toute autonomie. Cela permet d’éviter les interventions de maintenance coûteuses et récurrentes pour changer la batterie, ce qui est une véritable source d’économie.
D’autre part la technologie fonctionne aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur des bâtiments et son fort pouvoir de pénétration permet d’atteindre les objets les plus isolés même dans les soussols (parking, cave, locaux techniques…). Ces objets envoient des messages mais peuvent aussi en recevoir car la technologie est bidirectionnelle. Cela permet de déclencher des actions à distance comme, par exemple, la coupure d’une vanne d’arrivée d’eau en cas de fuite.
Enfin, LoRaWan se singularise par sa capacité native à localiser des objets sans GPS et sans autres équipements ou infrastructures. En effet, le réseau est capable de calculer la position d’un objet à partir des signaux reçus par ses antennes. On peut ainsi localiser facilement dans un périmètre n’importe quel objet à partir du moment où il communique sur le réseau sans consommer davantage d’énergie car c’est le cœur de réseau qui réalise les opérations de calcul et non le capteur, ce qui préserve ainsi la batterie de l’objet.
En pratique, le réseau LoRaWAN utilise des bandes de fréquences libres, ce qui dispense de l’achat de licences très onéreuses comme c’est le cas pour les technologies GSM. Par ailleurs les faibles coûts d’achat et d’installation des antennes et leur nombre limité pour couvrir une vaste zone réduisent considérablement les investissements. C’est sans commune mesure avec ce qui se pratiquait jusqu’ici avec le GSM. La technologie est donc particulièrement abordable et le retour sur investissement d’autant plus rapide. Cela permet le développement à grande échelle de nouveaux réseaux dédiés aux objets connectés.
LoraWAN est aujourd’hui présente à travers 142 pays et l’Alliance Lora fédère plus de 120 opérateurs à travers le monde, de sorte que des réseaux LoRaWAN existent sur tous les continents. Les opérateurs utilisent généralement les mêmes sites que ceux de leur réseau GSM, favorisant ainsi un déploiement rapide. À titre indicatif en France plus de 95% de la population est couverte par le réseau LoRaWAN de Bouygues Telecom et il existe au total 2 opérateurs proposant chacun un réseau national.
Il n’est pas rare de voir plusieurs opérateurs LoRaWAN dans un même pays, preuve de l’intérêt pour la technologie et du dynamisme des marchés. L’objectif est d’interconnecter l’ensemble de ses réseaux nationaux en roaming afin d’offrir une couverture LoRaWAN mondiale. Aujourd’hui, à travers le monde, on estime à plus de 80 millions le nombre d’objets connectés grâce à un réseau LoRaWAN.
Grâce aux bénéfices spécifiques de la technologie Lora et au développement de ses réseaux d’innombrables perspectives se profilent pour les entreprises, les collectivités et les particuliers.
Il est aisé de se rendre compte de la multiplication des cas d’usage des objets connectés. En effet, ces solutions innovantes permettent aussi bien de suivre les flux logistiques des entreprises que de mesurer le taux de remplissage des poubelles, la consommation énergétique des bâtiments ou les performances sportives d’un individu. Les objets « intelligents » se multiplient et contribuent à l’avènement de la Smart City, du Smart Building, de la Smart Industry et du Quantified Self.
Toutes les technologies de connectivité (LPWAN, LTEM, NB IoT, demain la 5G) ont leurs spécificités (faible consommation énergétique, haut débit, longue portée, faible latence…) et chacune d’entre-elles est adaptée pour répondre à un type de cas d’usage particulier. Par exemple, les réseaux LoRaWAN sont très performants pour les compteurs d’eau ou de gaz qui sont isolés et communiquent peu souvent mais sur une longue période (jusqu’à plus de 10 ans) tandis que la technologie LTE-M est, grâce à son débit, beaucoup plus adaptée aux communications vocales comme dans le cas des ascenseurs.
Cependant, une seule technologie ne saurait répondre à tous les besoins et adresser tous les cas d’usages.
Face à ce foisonnement d’offres de connectivités, les entreprises peuvent se sentir quelques peu perdues au moment de faire des choix pour leur projet IoT. C’est souvent parce qu’elles raisonnent davantage en termes de choix technologiques que de solutions à leurs problématiques.
C’est là qu’intervient le rôle de l’opérateur dans l’IoT qui, grâce à sa capacité à agréger de multiples technologies de connectivité, est en mesure de fournir la meilleure solution de connectivité pour chacun des cas d’usages indépendamment du type de technologie et de leur complexité. C’est un guichet unique qui permet d’adresser tous les cas d’usages avec la réponse technologique chaque fois la plus adaptée.
Force est de constater que seuls les opérateurs ont la capacité d’intégrer massivement toutes ces technologies, actuelles et futures, pour garantir la meilleure connectivité, l’évolutivité et la pérennité des solutions IoT retenues par les entreprises.
Le mix des technologies de connectivité proposées par les opérateurs est la clé de la révolution de l’internet des objets.
Avec une approche aussi précise qu’accessible, Jérôme Cornu nous permet de découvrir les différents modes de connectivité d’un objet connecté et de comprendre la spécificité du réseau LoRaWAN. Puisque l’objet en lui-même est inerte et que les usages sont nombreux, il est normal que plusieurs réseaux ou technologies adressent chacun des besoins.