third
Novembre 2022

Numéro huit

Retrouvez le numéro huit de
Third : Le numérique et notre vie privée

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Third | Novembre 2022

« J’ai bâti une sorte de périmètre à ne pas franchir pour limiter l’exposition de ma vie privée, tout en laissant « croire » au lecteur qu’il a accès à ma vie privée »

Entretien avec Luca Mariapragassam, créateur de contenu et « influenceur » sous le pseudonyme @lucallaccio sur Instagram.

 

Third (T) : Depuis quand avez-vous décidé de vous lancer dans l’aventure de la création de contenus sur les réseaux sociaux, et pourquoi avoir décidé de partager votre passion pour la mode de manière publique ?

 
Luca Mariapragassam (LM)  : Quand j’ai terminé mes études, j’ai travaillé pour une entreprise nommée Bonne Gueule, un site de mode masculine. Initialement, je suis parti de Bonne Gueule pour monter une boîte dans le conseil en marketing. Je voulais sortir du vêtement. Mais j’ai vu qu’il y avait toujours un engouement autour du vêtement et pas mal de lecteurs qui réclamaient mon avis et plus de contenus sur le vêtement.

J’ai donc commencé à partager du contenu sur le vêtement sur YouTube1 en 2019. Puis j’ai commencé une newsletter hebdomadaire2, fin 2019, sur laquelle je partage des choses plus personnelles. Plus récemment, j’ai commencé à partager ma « vie » sur Instagram3. En réalité, ce n’est pas du tout ma vie mais quelque chose de plus romancé, et ça me permet d’avoir de la proximité avec mes lecteurs. J’ai remarqué que c’est quelque chose qu’ils réclament énormément : voir un peu les coulisses de ce qu’il se passe, s’immiscer un peu dans ma vie même si dans les faits ce n’est pas du tout le cas. C’est assez plaisant de le faire au quotidien, je peux travailler depuis chez moi et discuter avec une communauté hyper bienveillante.
 

T : Vous considérez-vous comme un « influenceur » ?

 
LM : Je ne me définis pas forcément comme un influenceur. Je n’arrive d’ailleurs pas vraiment à définir ce terme. Il peut désigner quelqu’un qui partage des produits de drop shipping4 à Dubaï comme quelqu’un qui crée du super contenu sur la philosophie sur YouTube. Je peux me considérer comme un influenceur ou non, mais je me définis davantage comme un créateur de contenus. J’essaie d’apporter de la valeur sur ma thématique, et de partager ce contenu à un maximum de personnes.

Effectivement, quand je partage mon avis, je dois probablement influencer quelques personnes sur l’achat de produits sans même le vouloir, et y compris quand je ne suis pas payé par une marque. Mais le terme « influenceur » a aujourd’hui une connotation péjorative, car il est associé à des personnes qui sortent du contenu uniquement pour avoir des partenariats.

De mon côté, il m’arrive de refuser des partenariats. Mon objectif étant d’éduquer le lecteur sur la sélection et sur la qualité du vêtement, je ne fais des partenariats qu’avec des marques de vêtements que j’estime de qualité. Certaines marques sont fabriquées n’importe comment. Je les évite ou j’essaie de vérifier un maximum ce qu’il se passe. Parfois, il arrive que je me trompe et que je revienne sur mes propos. Je peux également refuser des partenariats trop éloignés de la thématique du vêtement ou du développement personnel, qui ne sont pas forcément intéressants pour le lecteur.

De manière générale, je ne veux pas sortir de contenu si je trouve que je n’apporte pas de valeur pour les lecteurs. La qualité du contenu prime toujours sur le résultat financier.
 

T : Les influenceurs ont-ils droit à une vie privée ? Dès lors que le fondement de leur activité dépend de leur influence, et donc de leur communauté, la révélation de leur vie privée est-elle « due » à cette communauté ?

 
LM : Je ne pense pas que le dévoilement de la vie privée soit une obligation pour l’influenceur. Certains font le choix d’abandonner leur vie privée. Ils sont un peu plus embêtés la journée, ils rencontrent plus de personnes. Il m’est déjà arrivé de dîner dans un restaurant avec quelqu’un d’assez connu qui a partagé l’endroit où il se trouvait ; des personnes sont donc venues au restaurant pour le rencontrer. J’imagine que c’est voulu et que c’est quelque chose d’assumé. Mais moi, ça ne me viendrait jamais à l’esprit, je tiens à ma vie privée. Je pense que chacun impose ses limites. Pour ma part, je ne me fais pas reconnaître à tous les coins de rue et tant mieux.

En fait, je crois qu’on peut choisir d’avoir une vie privée jusqu’à un certain stade. J’ai des amis avec plus d’un million d’abonnés, qui arrivent certes à contrôler leur vie privée mais qui doivent redoubler d’efforts pour la conserver. J’ai la chance de ne pas devoir faire énormément d’efforts de mon côté.
 

T : Vous semblez très attaché à votre vie privée. Que décidez-vous de dévoiler ou de ne pas dévoiler sur vos réseaux ?

 
LM : Au départ, je ne me posais pas de questions sur la protection de ma vie privée. Les réseaux étaient un simple divertissement. Je publiais ma compagne, ma famille, sans véritablement me poser de questions. Jusqu’au jour où on a commencé à me poser des questions sur ma femme, sur son coiffeur, sur les vêtements qu’elle achetait, etc. C’est devenu un peu bizarre, j’avais l’impression de devoir partager toute ma vie privée, de ne pas avoir de jardin secret. Je sentais que ma vie appartenait à tout le monde. C’est là que ça m’a fait un peu peur, et je me suis dit qu’il fallait que je bâtisse un périmètre.

Aujourd’hui, je suis donc plus fermé sur le sujet de ma vie privée. J’ai bâti ce périmètre à ne pas franchir pour limiter l’exposition de ma vie privée, tout en laissant « croire » au lecteur qu’il a accès à ma vie privée. Je dévoile des choses qu’il pense appartenir à ma vie privée, sans lui dévoiler certaines choses que je veux protéger.

Par exemple, je me suis marié il y a très peu de temps, et je pense que peu de personnes savent en réalité que j’ai quelqu’un dans ma vie. J’ai décidé de protéger ma femme, même si de son côté elle s’en fiche totalement. Mais je ne sais pas à quel point mes réseaux vont grandir, et à quel point les gens sont bienveillants ou non.

Pour ma famille, c’est pareil : elle n’apparaît jamais sur mes réseaux. Je peux en parler mais elle n’y apparaîtra jamais.

J’essaie également de protéger mon domicile : je ne filme jamais le périmètre de mon domicile. Je n’ai pas envie que les personnes sachent où j’habite.

Il y a des choses comme ça que je m’interdis pour éviter les risques. Peut-être que je suis un peu parano parce que je n’ai pas forcément une énorme communauté et je sais que ma communauté est plutôt bienveillante mais il suffit d’une personne pour gâcher la fête. J’ai vraiment ce périmètre de sécurité qui me permet de faire des choses sans risquer quoi que ce soit.
 

T : C’est donc le triptyque domicile – conjointe – famille qui fonde votre vie privée ? S’agit-il des seules limites que vous refusez de dépasser ?

 
LM : Je protège tout ce que je n’ai pas envie de montrer sur les réseaux. En fait, dès qu’une demande sur ma vie privée provient d’une tierce personne, qui cherche à savoir ce qu’il se passe dans ma vie, je le prends mal car je ne lui ai pas donné l’accès à ce pan de ma vie privée. Le périmètre de sécurité, le dévoilement de ma vie privée, c’est moi qui le décide. Je dévoile un peu ce que je veux. Si j’étais moins parano, je pourrais dévoiler ma femme et ma famille, mais je ne préfère pas. Le plus important finalement, c’est que je puisse contrôler personnellement ce périmètre de sécurité, et que je ne laisse pas les lecteurs et les abonnés définir ce que je dévoile.
 

T : Vous avez décidé de partager une vidéo dans laquelle vous dévoilez être atteint du syndrome de Gilles de la Tourette. Pourquoi avoir décidé de partager un tel aspect de votre vie, qui est pourtant un sujet particulièrement personnel et intime ?

 
LM : En allant à l’hôpital pour me faire diagnostiquer, j’ai rencontré des parents avec des enfants, qui étaient inquiets. Ils me voyaient, plus grand, et me demandaient comment j’avais évolué. Je me suis dit que c’était dommage de ne pas utiliser ma portée pour créer de la valeur et rassurer des parents, ou des personnes atteintes de ce syndrome. Leur dire que l’on peut très bien vivre avec ça.

Peu importe que cela sorte de ma thématique. Et effectivement, ça a empiété sur ma vie privée – mais encore une fois, c’est moi qui définis le périmètre de ma vie privée. En sortant cette vidéo, j’ai autorisé les personnes à me poser des questions sur ce sujet. J’ai la chance d’avoir une communauté hyper bienveillante et cette vidéo a permis à certains parents de me poser des questions, ce qui était l’objectif.
 

T : Sur les réseaux, vous apparaissez sous le pseudo « lucallaccio ». Mais le nom qui apparaît dans votre email est Luca Mariapragassam. Et vous apparaissez parfois comme Luca Gallaccio M. Est-ce également pour protéger votre vie privée que votre nom n’apparaît pas sur vos réseaux, cherchez-vous à masquer votre identité ?

 
LM : Lucallaccio est la contraction de Luca Gallaccio, le nom de famille de ma mère. Luca Mariapragassam était trop long pour que je puisse en faire quelque chose. Quand j’ai commencé à créer du contenu, je ne me suis pas dit que ça allait fonctionner, ni que j’allais avoir une portée comme celle que j’ai aujourd’hui (même si elle n’est pas énorme, il y a quand même quelques personnes qui regardent mon contenu). Je me suis un peu plus fermé, je fais de plus en plus attention. Mon vrai nom figure sur mon email professionnel lorsque je réponds, mais je le supprime petit à petit. Je préfère utiliser @lucallaccio pour m’identifier sur les réseaux sociaux, d’autant plus qu’en réalité, je joue un personnage – celui de Lucallaccio, qui n’est pas le Luca de la vraie vie.
 

T : Vous avez dit « je joue un personnage ». Lucallaccio est-il un personnage de fiction, ou est-il tout de même inspiré du vrai Luca ?

 
LM : Quand les lecteurs me croisent dans la rue, ils me disent que je suis comme sur mes réseaux mais un peu plus calme. En fait, je suis un peu plus caricatural sur les réseaux pour être divertissant. Lucallaccio, c’est une sorte de personnage qui va un peu tout le temps bien, même s’il dit qu’il est triste parfois et que la vie n’est pas toujours rose. Disons que c’est un outil de travail. Je dis toujours que c’est ma personnalité, mais poussée un petit peu plus en termes de caractère, avec un peu plus de contraste.

Dans la vraie vie, quand je fais quelque chose, je n’en fais pas systématiquement une blague. Le personnage Lucallaccio aime beaucoup divertir. Surtout sur Instagram, j’aime divertir les gens sur des choses un peu insignifiantes de la vie. C’est spontané mais réfléchi à la fois : je monte une blague pour faire quelque chose d’un peu surprenant. Et dans la vraie vie, je ne parle pas non plus toujours de vêtements.

Mon personnage n’est d’ailleurs pas le même selon les réseaux sociaux. Il y a certains réseaux qui demandent à être beaucoup divertis, en particulier Instagram. Sur YouTube ou sur ma newsletter, les gens cherchent plutôt à apprendre des choses. Je communique donc vraiment différemment selon chaque réseau.
 

T : Pouvez-vous nous en dire davantage sur cette distinction d’usage entre vos réseaux sociaux ?

 
LM : La newsletter est le format le plus intimiste. Elle est limite un peu cachée, même si je communique de temps en temps sur son existence. J’ai un rapport unique avec le lecteur, avec lequel j’échange directement. Après chaque newsletter, j’ai environ une trentaine de réponses. Cela me prend énormément de temps d’échanger – parfois, on s’échange des pavés de textes sur des réflexions très profondes – mais j’adore me nourrir de ces réflexions-là. Cela me permet aussi de comprendre les volontés des lecteurs, ce qu’ils attendent, sur quoi ils s’interrogent. Mes premiers éléments de réflexion partent de ces échanges.

Sur YouTube, c’est un peu plus superficiel, on reste en surface. C’est de la consommation plus rapide. La vidéo, on la consomme autrement qu’un texte. Les commentaires sont plus réactifs, un peu moins recherchés – je prends beaucoup moins de plaisir à échanger sur YouTube que dans le cadre de ma newsletter. Mais je veux tout de même sortir une vidéo en pensant que la personne qui l’a visionnée en a tiré quelque chose, cela me satisfait.

Sur Instagram, on pousse le curseur encore plus loin dans le divertissement. C’est très compliqué d’apprendre quelque chose à une personne sur Instagram. L’attention est vraiment basse. J’utilise donc Instagram pour entretenir ma relation avec la communauté. C’est pour cette raison-là que j’ai décidé de faire beaucoup plus de divertissement sur ce réseau, parce que c’est ce que les gens recherchent. En tout cas, chez moi, c’est ce qui marche.

Finalement, j’ai des niveaux « intellectuels » fluctuants selon les réseaux. Mais quoi qu’il arrive, chacun de ces réseaux est contrôlé sur le sujet de ma vie privée – j’essaie d’être un maximum prudent même s’il y a des choses qui m’échappent parfois.
 

T : Vous avez dit que certaines choses vous échappent parfois, pouvez-vous développer ?

 
LM : Ce qui est drôle, c’est que quelques heures après avoir reçu votre projet d’entretien sur ce sujet de la vie privée, une personne m’a écrit, disant qu’elle voulait m’envoyer un cadeau. Je me suis dit que c’était sympa, mais je ne voulais pas lui donner mon adresse. J’ai donc proposé qu’elle l’envoie sur Mondial Relay. Cette personne m’a répondu qu’elle avait déjà mon adresse. En fait, elle avait trouvé l’adresse associée à mon entreprise sur société.com, une vieille adresse à laquelle je n’habite plus. Je garde cette adresse justement pour ce genre de situation, car il faut obligatoirement mettre une adresse pour la société. Quand vous voulez être un entrepreneur un peu discret, c’est contraignant.

Mais dans l’ensemble, j’ai de la chance d’avoir des personnes très bienveillantes en face de moi. Je n’ai pas eu d’expériences d’intrusion dans ma vie privée, j’ai eu beaucoup de chance. Il y a parfois des personnes maladroites qui posent des questions un peu intrusives, mais ça ne va pas plus loin.

Je vois surtout sur Instagram une volonté de s’immiscer dans la vie privée, de voir les coulisses. Les gens pensent que j’y dévoile ma vie privée, alors que pas forcément. Quand je dévoile quelque chose, il y a une volonté d’aller toujours plus loin, et on me pose toujours plus de questions. Par exemple, j’étais en vacances dernièrement et on m’a demandé l’hôtel dans lequel j’étais resté. J’ai l’impression que les gens veulent avoir des renseignements et prendre des décisions en fonction de ça. Il m’est aussi arrivé de rencontrer quelqu’un dans un restaurant, qui m’a par la suite demandé de lui partager d’autres adresses dans lesquelles je vais. Je trouve ça un peu intrusif. D’abord car je n’ai pas l’impression d’avoir une vie incroyable pour que des personnes veuillent faire comme moi. Et ensuite car je n’ai pas envie de me retrouver dans une relation parasociale5 avec ces personnes.
 

T : Y’a-t-il eu des moments où vous avez hésité à abandonner cette activité de créateur de contenu face aux pressions sur votre vie privée ?

 
LM : Le signal d’alerte est arrivé assez tôt pour ma part. A ce stade, j’ai de la « chance » de ne pas être assez connu pour subir ce genre de pressions. Je savoure ce moment. Donc je n’ai jamais eu cette envie d’arrêter, j’ai réussi à bâtir ce périmètre de sécurité avant d’y être confronté.

Mais j’ai un ami qui s’est fait cambrioler car il a dévoilé une partie de sa rue, avec le nom de la rue et un aperçu de sa maison. C’est pour ça que je tiens autant à protéger mon domicile.

J’ai un autre ami qui s’est fait suivre jusqu’à son domicile en revenant de ses courses. Le lendemain, des personnes l’attendaient devant chez lui. C’est assez bizarre comme monde. Ces personnes ont certes une communauté plus grande que la mienne, mais ça peut vite arriver. Je n’ai pas envie que ça m’arrive, si ma communauté continue de grandir. Qu’une personne me suive chez moi serait la pire des choses.
 

T : Avez-vous développé des relations personnelles avec des personnes qui, initialement, étaient des abonnés ?

 
LM : C’est intéressant comme question car au début, je m’étais toujours interdit de le faire. Mais avec la newsletter, j’ai eu des témoignages très profonds et personnels de la part de certains lecteurs. J’ai décidé d’ouvrir la porte, je me suis dit que ça pouvait valoir le coup de creuser un peu plus et d’essayer de comprendre la personne derrière ces emails. Donc il m’est arrivé de boire des cafés avec des lecteurs, et même de devenir ami avec certains. Mais encore une fois, c’est par étape. Je suis assez prudent là-dessus, je n’accepte pas toutes les propositions.

Quand je fais des évènements organisés où je rencontre des lecteurs, les discussions tournent autour du vêtement ou de mon contenu, mais on ne creuse pas ma vie personnelle.
 

T : Avez-vous déjà pensé à partager davantage de votre vie privée en sachant que cela permet souvent de faire croître sa communauté, d’avoir un lien plus fort avec elle et donc, in fine, d’avoir plus d’ « influence » ?

 
LM : C’est sûr que dévoiler ma vie privée pourrait m’aider à faire croître mes réseaux, à « faire augmenter les chiffres », mais ce n’est pas une volonté de ma part de me lancer là-dedans. Il y a peu de temps, j’ai demandé à mes lecteurs s’ils voulaient voir un peu plus de ma vie privée. Ce qui est intéressant, c’est que la moitié a dit oui, l’autre non.

En fait, c’est surtout sur Instagram qu’il y a une volonté d’accéder à la vie privée. Lorsque je lance une boite à questions sur Instagram, c’est le moment où j’ai le plus d’engagement de la part de mon audience. Les gens ont vraiment envie de savoir ce qui se cache derrière, de connaître la vulnérabilité de la personne, de savoir ce qu’il se passe vraiment dans sa vie.

C’est aussi pour cette raison que je m’efforce de ne pas toujours poster du contenu où tout va bien. J’essaie de partager les moments où cela va moins bien. Afficher une vie un peu rêvée, c’est ce que la plupart des influenceurs font. Ils montrent ce que les gens ont envie de voir, des choses qui mettent de bonne humeur. Moi personnellement ce n’est pas là où je prends le plus de plaisir. J’aime bien aussi montrer des côtés un peu plus galère de la vie, que tout le monde rencontre. C’est aussi ce qui plaît à ma communauté, ils voient une sorte de vulnérabilité et ils se reconnaissent un petit peu là-dedans.
 

T : En tant qu’abonné vous-même, comprenez-vous cet intérêt pour la vie privée ?

 
LM : Absolument. C’est justement parce que je suis comme ça que je n’ai pas envie que les gens le soient avec moi. Je pense que naturellement nous avons tous un côté un peu voyeur. On a envie de voir ce qu’il se passe chez les gens. Parfois, je me fais aspirer dans un schéma où je finis par me dire « pourquoi ai-je regardé toutes ces storys, pourquoi ai-je envie de savoir où la personne se trouve ? » alors que, finalement, cette personne ne m’intéresse pas forcément. Il m’arrive d’avoir ce genre de comportement et c’est pour ça que j’y fais attention.
 

T : Avez-vous le sentiment qu’il soit plus facile de s’exprimer devant des inconnus que l’on ne voit pas (barrière virtuelle) ?

 
LM : C’est clairement le cas. Je pousse un peu mon personnage pour tester des choses car ce n’est pas naturel chez moi. La barrière virtuelle m’a permis de m’exprimer un peu plus, sans craindre la réaction directe des gens. Quand je poste sur les réseaux, je ne suis pas sur scène au théâtre, devant un public qui réagit directement. C’est beaucoup plus simple, sur les réseaux, de tester des choses. J’en parlais aussi avec des amis qui font de la scène : eux aussi testent des blagues sur leurs réseaux, qu’ils vont ensuite intégrer dans leur spectacle. C’est un très bon laboratoire pour ne pas avoir peur.



1 | Chaîne YouTube @Lucallaccio accessible avec le lien suivant : https://www.youtube.com/channel/UCvXy6LU8kLIVr9sixAB_Ubw. (Retour au texte 1)
2 | Site web: https://lucallaccio.com/. (Retour au texte 2)
3 | Compte Instagram : @lucallaccio accessible avec le lien suivant : https://www.instagram.com/lucallaccio/?hl=fr. (Retour au texte 3)
4 | Selon le site economie.gouv.fr, le drop shipping est une vente sur internet dans laquelle « le vendeur ne se charge que de la commercialisation et de la vente du produit », tandis que « c’est le fournisseur qui expédie la marchandise au consommateur final ». Cette technique permet en théorie au vendeur de réaliser une marge plus facilement puisqu’il n’a pas à gérer de stocks, d’où la popularité de cette pratique. (Retour au texte 4)
5 | Selon Wikipédia, une relation parasociale est un « type de relation sociale à sens unique dont une personne peut faire l’expérience vis-à-vis d’une personnalité publique ou d’un personnage de fiction. La personne concernée peut développer des sentiments d’amitié, bien qu’elle n’ait peu ou pas d’interaction directe avec l’objet de ses sentiments. Le terme « interaction parasociale » a été formulé par Donald Horton et Richard Wohl en 1956. » (Retour au texte 5)

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